Les nombreux murets d’environ 1 mètre de hauteur qui cloisonnent le site racontent un passé agricole, fait de parcelles de céréales, d’oliveraies, de pâtures. Les Grecs, fondateurs de la ville de Cargèse à la fin du XVIIIe siècle, firent de Spelunca un jardin nourricier. Une ancienne aghja, aire de battage du blé, rappelle que les cultures dominantes furent pendant plus d’un siècle les céréales, blé et orge : ces cultures, complétées par le maraîchage et l’élevage de quelques animaux, permettaient une auto-suffisance des familles. Les parcelles étaient mises en jachères tous les deux ans afin de ne pas épuiser les sols. Au début du XXe siècle, les habitants de Cargèse abandonnèrent progressivement ce mode de vie, à l’instar de ce qui se passa alors dans toute la Corse. Redevenues friches, les terres furent transformées en pâtures louées aux bergers du Niolu. À partir des années 1930 et jusqu’aux années 1960-1970, un troupeau de 250 brebis descendait du village de Calasima, au mois d’octobre, en deux jours, pour venir brouter le maquis bas de la pointe. Il remontait au mois de mai passer l’été dans les montagnes. Le four à pain encore visible aujourd’hui était celui du berger, qui cultivait en céréales une petite parcelle lui permettant de fabriquer son pain. Les petites bergeries, utilisés d’abord comme habitations, furent ensuite transformées en casgile, où l’on fabriquait les fromages, tandis que les bergers logeaient à Cargèse.
Le temps des transhumances s’est achevé dans les années 1980. À Spelunca, un petit troupeau de vaches et de brebis a maintenu les pâtures jusqu’à une date récente.