La flore
L’estuaire, zone d’échange entre les eaux marines et continentales, accueille tout un cortège de plantes inféodées à différents milieux. Marais d’eaux salées, saumâtres et douces y cohabitent. Riche d’une myriade de diatomées, petites algues microscopiques à la base de nombreuses chaînes alimentaires, la vasière offre un milieu propice à la vie de nombreuses espèces friandes de sel. Sur ses franges hautes régulièrement découvertes par les marées poussent, parmi les spartines maritimes et les lavandes de mer, de délicieuses plantes condimentaires, les salicornes. Les prés-salés, dont les sols contiennent une bonne proportion de sable, sont gagnés par les puccinellies, les soudes et les chiendents maritimes, plantes au fort pouvoir colonisateur. Joncs maritimes, laîches étirées et trèfles fraisiers préfèrent les espaces saumâtres exondés. Une élégante orchidée aux jolies fleurs blanches striées de rouge, l’epipactis des marais, se distingue parmi les espèces des prairies humides. Sur les rives de l’étang, çà et là teintées au printemps du jaune des iris faux acores, s’étend une roselière à phragmites australes. La flore des dunes s’étage tout au long d’un cordon dunaire long de plus d’un kilomètre.
Oyats, chardons bleus, immortelles des dunes, euphorbes du littoral et roses pimprenelle y mêlent en une palette chatoyante leurs couleurs blondes, bleues, jaunes, vertes et blanches.
La faune
Un soleil matinal éclaire l’étang endormi. Peu à peu, le peuple des eaux s’active. Un grèbe castagneux sort de la roselière, nage le corps presque immobile puis plonge soudain pour pêcher, il réapparaîtra bien plus loin, là où on ne l’attend pas. À proximité, deux cormorans huppés sont posés sur un banc de sable, ils se sèchent les ailes en éventail. Ceux-là, ainsi que les tadornes de Belon hivernants sur les espaces littoraux de Bretagne, peuvent être tranquilles, adultes, ils ne seront pas la proie du busard des roseaux qui plane au-dessus d’eux. Sur la rivière animée par les courants de jusant, ondulent des bancs de mulets sauteurs qui broutent à loisir le phytoplancton. Une densité exceptionnelle de vers marins et de coques vit dans le limon de la vasière. Habitat parmi les plus féconds de la planète, l’estuaire accueille une vingtaine d’espèces de poissons. Plies, soles, daurades, sars communs, turbots et bars y abondent. Zone de frayère et véritables nurseries pour poissons et autres organismes marins, l’aber contribue à l’équilibre écologique de la baie de Douarnenez. En lisière de prés-salés, courlis corlieux et cendrés se fondent dans la végétation pour se reposer en toute quiétude. Une nuée de bécasseaux arpente la plage, jouant avec les vagues nourricières. Bien plus loin et plus haut, dans un domaine inaccessible à l’homme, vivent quelques rares faucons pèlerins et grands corbeaux.