La flore
Sortis de la nuit des temps, des lichens aux formes crustacées et foliacées colorent la roche-mère de noir, de jaune et de gris. Association d’une algue dont les tissus captent la lumière et d’un champignon dont les filaments puisent les ressources nutritives, ils sont, de tous les végétaux pionniers, les premiers à s’installer dans des conditions quasi-impossibles. Narguant les parois verticales, les sauts et les ressauts, régulièrement aspergés d’embruns, ils préparent patiemment le terrain pour leurs congénères à racines. Sur les sols formés par leur action chimique et par l’érosion naturelle, apparaissent des plantes évoluées capables de résister à la plus dure sécheresse. Cristes marines aux saveurs acidulées de fenouil marin, spergulaires des rochers aux multiples fleurs roses délicates ont ainsi développé d’épais tissus qui leur confèrent la succulence nécessaire pour retenir l’eau et vivre dans cette ambiance aride et désertique. Naguère cultivées jusqu’en limite de falaise, les fortes pentes ont été gagnées par l’épine noire et la fougère aigle. Dès les beaux jours, la lande se teinte progressivement du blanc des prunelliers en fleur, du jaune d’or des ajoncs d’Europe et du mauve des bruyères cendrées. Au large de Beg Hastel, l’îlot de la Mauve, dont le nom est dû à la couleur de la mauve royale qui y pousse sur son versant est, se détache sur la mer tel un iceberg recouvert du guano des oiseaux marins.
La faune
Les hautes falaises littorales abritent de surprenants oiseaux. Décrochant soudainement de son aire lovée au flanc de la paroi abrupte, le faucon pèlerin vient de fondre sur sa proie dans un piqué foudroyant. Pigeons ou limicoles, alpagués à près de 250 kilomètres à l’heure, n’auront aucune chance devant ce prédateur redoutable. Adulé tel un dieu dès l’ancienne Égypte, favori des fauconniers à la renaissance, le faucon pèlerin a trouvé refuge de nos jours dans les à-pic inaccessibles de la côte plouharaise. Le grand corbeau, ce géant parmi les passereaux, trouve refuge dans le même habitat. Cependant, sa technique de chasse est fort différente. Dans les milieux ouverts du plateau, il survole en rase-motte pelouses, landes, pâtures et cultures pour attraper ses proies par surprise. Charognard et opportuniste, il repère aisément les animaux malades. Il ne dédaigne ni les oeufs, ni les baies arrivées à maturité. Longtemps honni des hommes pour sa réputation de fossoyeur alors qu’il assurait pourtant une mission de salut public, il est désormais protégé. C’est un spectacle unique que de voir rivaliser d’aisance et d’acrobaties, dans un ballet pour vols battus et planants, ces deux virtuoses de la glisse. Le long des côtes, les oiseaux de mer abondent. Cormorans huppés, goélands et pétrels fulmars se retrouvent en colonies éparses sur les falaises et les écueils isolés. Sous les eaux tumultueuses vivent bars, ormeaux et homards.