Cargèse ne ressemble à aucune autre ville corse : dessinée par les ingénieurs du plan Terrier pour y réinstaller les Grecs chassés de Paomia par les Corses à la fin du XVIIIe siècle, lors de la révolte contre les Génois, la ville est fondée en 1773 par 97 familles grecques volontaires, issues de celles qui étaient arrivées sur ce littoral une centaine d’années auparavant, fuyant les invasions turques dans le Péloponnèse (voir l’histoire des sites de Capizzolu et Omigna). C’est donc à l’origine un village « grec », devenu une petite ville d’un millier d’habitants, établie en un lieu où il n’existait pas de village. La tour dite de Cargèse, autrefois nommée tour de Paomia, existait depuis presque deux siècles lors de la fondation de la ville « grecque » : bâtie vers 1605, sous l’autorité d’Anton Giovanni Sarrola, elle est l’une des 4 tours avec celles d’Omigna, Orchinu et Capu Rossu, qui protégeaientt de la menace des Barbaresques ce secteur côtier très découpé, entre les golfes de Sagone et Porto. Les populations locales étaient alors réfugiées dans les villages des hauteurs en retrait du rivage.
Une ancienne aire de battage du blé, une maisonnette en ruine et quelques murets et restanques dans le maquis racontent les anciennes pratiques agricoles sur le site : entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle, blé et orge furent cultivées sur la pointe, avant d’être délaissées pour laisser place à des pâtures pour chèvres et moutons.