Porto Monaghi (le port des moines) était le port de la pieve de Paomia, territoire qui correspond aujourd’hui à la commune de Cargèse. Lors de la répression qui suit la révolte des Seigneurs de Leca, le Génois Antonio Spinola dévaste et vide le territoire de ses habitants, au tout début du XVIe siècle. À cela s’ajoute la menace des raids barbaresques, après le sac de Sartène en 1583, qui dissuade les populations de regagner les zones près du rivage. Pour protéger les villages, on bâtit une série de tours censées repérer les galères ottomanes. Restée inculte et déserte pendant plus d’un siècle, la pieve de Paomia est donnée par les autorités génoises à plusieurs familles grecques qui avaient fui les invasions turques dans le Péloponnèse. En 1676, 800 Grecs débarquent ainsi à Porto Monaghi : ils forment une véritable colonie qui va faire de Paomia « l’un des jardins de la Corse », cultivé et prospère.
En 1729, au début de la révolte des Corses contre Gênes, les Grecs restés fidèles à leurs bienfaiteurs génois sont attaqués par les populations des pieve voisines qui viennent revendiquer leurs anciennes propriétés. Destructions et saccages contraignent les grecs à se réfugier pour un temps à Ajaccio. Dans les années 1770 : on autorise alors les familles grecques à fonder un village à l’emplacement de l’actuelle Cargèse, encore vierge d’habitations. Un monument dédié aux Grecs de Cargèse existe aujourd’hui au bord de la plage de Capizzolu.
Au XXe siècle, Porto Monaghi fut l’objet d’un grand programme immobilier : un vaste complexe touristique prévu sur 38 hectares commence à y être y bâti entre 1973 et 1976. À cette date, un plastiquage met fin à la construction, qui ne sera jamais achevée. Vingt ans plus tard, le Conservatoire rachète le terrain et procède à la démolition de l’ensemble des bâtiments en 1997, et seul une villa privée reste enclavée au milieu du domaine du Conservatoire et plus aucune autre trace du chantier et des bâtiments ne subsiste désormais sur le site.