La flore
L’île de Batz, soumise tout au long de l’année aux rigueurs de la mer, présente à l’état naturel une végétation rase. Falaises, cordons de galets, dunes, pelouses littorales, landes sèches et terres humides constituent des habitats remarquables par leurs flores spécifiques.
Les choux marins, dont les longues racines s’insinuent entre les pierres, stabilisent les cordons de galets agités par les houles. Sur les dunes, les orchis pyramidauxdominent de leur hampe florale rose de vastes tapis blancs d’alyssons maritimes. Ajoncs d’Europe et bruyères cendrées colorent les landes rases de jaune et de mauve tandis que sur les pelouses de bord de mer, fleurissent en nombre arméries et silènes maritimes.
À l’ouest de l’île, roseaux et joncs couvrent les dépressions humides. Dans un tout autre milieu, dans les fissures des parois rocheuses, pousse la doradille marine, jolie fougère à l’écologie tropicale.
Sur sa pointe est, l’île de Batz fut le théâtre d’une métamorphose étonnante. En quelques années, sous l’action de Georges Delaselle, l’habitat austère de l’arête granitique de la pointe du C’hleguer fut transformé en jardin exotique.
L’île, à l’origine sans arbre et balayée par les vents, nécessitait pour l’implantation du jardin méditerranéen une modification des conditions écologiques. Pour ralentir les vents, des cyprès de Lambert furent plantés en nombre. De petites dépressions profondes de quelques mètres furent creusées et bordées de bourrelets de sable afin d’accueillir de nouvelles plantes originaires d’Amérique latine, d’Afrique du Sud et d’Océanie. Aujourd’hui, après bien des vicissitudes, ce sont plus de 1800 espèces qui agrémentent ce jardin unique en Bretagne. Ainsi, à peu de distance, se côtoient désormais végétations atlantique et exotique.
La faune
Entourée d’une dizaine d’îlots périphériques, l’île de Batz offre un ensemble de milieux diversifiés que l’avifaune utilise selon ses préférences. De passage en mer, fulmars boréaux, puffins des Anglais et fous de bassan croisent au large. Les cormorans huppés, perchés sur les écueils, se sèchent à l’issue de leurs profondes plongées. Sur la grève découverte, les huîtriers pie, à la recherche de crustacés et de coquillages, arborent couleurs rouges, noires et blanches. Plusieurs centaines de goélands argentés composent des colonies dispersées tandis que moins sociable, le goéland marin plane en solitaire le long des falaises.
Le faucon crécerelle, à la recherche de micro- mammifères, de petits oiseaux et d’insectes, s’élève en vol stationnaire au-dessus de la lande. L’alouette des champsattendra son départ et la quiétude retrouvée pour lancer ses longues strophes mélodieuses. Fauvette pitchou aux déplacements fugitifs, troglodyte au chant vibrant, timide accenteur mouchet sont quelques-uns des nombreux passereaux qui peuplent la lande.
Fait rare pour une île bretonne, la bécassine des marais, joyau ornithologique de l’île de Batz, se reproduit dans la végétation épaisse de la zone humide occidentale. Plus près des hommes, merles, grives draines et musiciennes sautillent dans les espaces jardinés. Bien que constitué d’essences exotiques, le jardin Georges Delaselle ne semble pas prêt d’accueillir toucans ou amazones…