La flore
Le nord de la côte sauvage présente une grande diversité floristique. Sur le plateau de l’Apothicairerie, règnent les landes à bruyères vagabondes et à ajoncs d’Europe. Arrivées à un stade d’équilibre naturel permanent, elles sont d’une telle rareté que seuls quelques sites dans le monde présentent les mêmes caractéristiques. Très vulnérables au feu, elles nécessitent la plus grande attention. Parsemées de carottes de Gadeceau, de bruyères ciliées et cendrées, elles présentent de multiples variations chromatiques. Du printemps à l’automne, elles arborent tour à tour de somptueuses couleurs jaune d’or, rose purpurin, rouge violacé… Les pelouses rases abritent, en bordure de rochers, nombre d’autres espèces originales. Le plantain à feuilles carénées, implanté en coussinets denses et compacts, côtoie l’isoète des sables et l’ophioglosse du Portugal, discrètes petites fougères souvent associées. Des herbes vivaces, tels le statice à feuille ovale et la fétuque de Huon, poussent en compagnie du genêt des teinturiers, sous-arbrisseau naguère utilisé pour teindre en jaune le lin et la laine. Sur les corniches et affleurements rocheux arrosés par les embruns, l’inule fausse criste et la perce-pierre plongent leurs longues racines dans les fissures tandis que la salicorne et l’obione se développent au creux de micros prés-salés suspendus. Colonisée par les goélands nicheurs, la végétation des îlots et des falaises tend à se banaliser au profit d’espèces communes telles l’arroche du littoral ou la betterave maritime. Les vallons présentent une tout autre végétation. L’asphodèle d’Arrondeau pousse sur les pentes abritées tandis qu’en aval, au coeur du marais, s’étend une roselière à phragmites et massettes gagnée par les saules. Une tourbière fossile, composée en grande partie de feuilles originaires des forêts submergées de l’île, tapisse les fonds de Ster Vras.
La faune
Grâce à la diversité des milieux de la côte sauvage, les sites de Ster Vras et de l’Apothicairerie accueillent une faune remarquable. Sur les îlots, dans les falaises rocheuses et sur les landes littorales, d’importantes colonies de goélands bruns nichent chaque année. Grands migrateurs, ils arrivent au printemps et pondent leurs oeufs d’avril à juin. Cinq à six semaines après l’éclosion, les jeunes s’envolent pour commencer l’apprentissage de leur vie d’adulte. Plus piscivores que les goélands argentés, ils n’hésitent pas à s’éloigner en mer pour rechercher leur nourriture. Les mouettes tridactyles colonisent les parois rocheuses escarpées de Poul Fré. Sur d’étroites corniches, elles construisent leurs nids avec de la terre et des fragments végétaux cimentés par leurs fientes. Pendant leur nidification, elles sont victimes des attaques des corneilles et autres prédateurs qui affectionnent leurs oeufs. Au pied des falaises, dans la zone de balancement des marées, vivent d’étonnants crustacés aux allures de coquillages. Lors de leur première phase de vie, les pouce-pied font partie du plancton et évoluent transportés par les flots. Ils se transforment ensuite en larve cypride et nagent à la recherche d’un site propice à leur fixation. Arrivés à destination, ils se cimentent définitivement aux rochers et développent tour à tour 6 cuirasses pour se protéger. Bien ancrés, ils se nourrissent grâce à leurs tentacules. Grands corbeaux et craves à bec rouge fréquentent les reliefs schisteux et les pelouses de l’île. Ces corvidés, autrefois plus nombreux, se sont un temps raréfiés du fait des dérangements occasionnés par la forte fréquentation du site. Depuis, grâce aux efforts de protection menés, la tendance semble peu à peu s’inverser. Au-dessus de la lande et des vallons protégés, les busards guettent leurs proies. Le busard des roseaux vit dans le marais, à l’abri de la roselière. Plus à l’aise dans les lieux découverts, busards Saint Martin et cendré préfèrent évoluer dans la lande. La nuit venue, hibou moyen-duc et hibou des marais rivalisent d’éloquence. Entre Hoû-ou soupirés et sourds et bou-bou-bou graves et répétés, leurs chants résonnent dans le marais.