La flore
Sur les falaises atlantiques, parmi les lichens noirs, jaunes ou gris qui s’accrochent à la roche, vivent des plantes particulièrement bien adaptées aux embruns. À la limite des hautes mers, une fougère à l’écologie tropicale, la doradille marine, pousse au creux de petites fissures. Plus haut, les perce-pierres et les cochléaires officinales résistent aux conditions arides grâce à leurs épais tissus protecteurs. Les spergulaires des rochers ont développé une toute autre stratégie. De leurs longues racines pivotantes, elles s’ancrent puissamment dans les fentes minérales pour puiser leur nourriture. Çà et là, de petites touffes d’arméries et de silènes maritimes se sont implantées sur les ressauts de microterrasses avant de se répandre sur les pelouses littorales où elles offrent au printemps, en compagnie des fétuques rouges et des jacinthes bleues, leurs admirables floraisons roses et blanches. Sur les versants ouest des pointes, de vastes landes rases bordent les affleurements rocheux. Constituées de callune, de bruyère cendrée et d’ajonc d’Europe, elles côtoient, en lisière de sentiers et de pâtures, scille printanière et thym serpolet. Abritée des vents de nord-ouest dominants, la végétation s’élève côté est pour former de hautes landes à prunelliers et de petits bosquets de pins ou de cyprès. Au creux des vallons, s’étagent osmondes royales, saules et frênes. À leurs exutoires, de petites roselières à phragmites ont colonisé par endroits les dépressions humides. D’originaux peuplements de sphaignes se sont installés sur les parois suintantes de quelques pointes rocheuses.
La faune
Visibles de l’extrémité des pointes du Nord Cap Sizun, de nombreuses variétés de mammifères marins fréquentent la baie de Douarnenez. Phoque gris à profil horizontal, dauphin commun joueur, Grand dauphin souffleur, dauphin de Risso sans bec, marsouin commun solitaire ou globicéphale grégaire offrent chacun une palette de comportements originaux. Les phoques gris se reposent de jour sur les grèves rocheuses et les écueils isolés. Lors de leur période de reproduction, mâles et femelles jeûnent durant plusieurs semaines. En regard d’autres espèces de mammifères évolués, ils laissent songeur quant à leurs capacités physiologiques. Les dauphins communs ou dauphins des Anciens aiment jouer dans le sillage des bateaux qui croisent au large. Friands de poissons, ce sont des plongeurs émérites qui peuvent aller jusqu’à 280 mètres de fond. Les falaises escarpées sont le refuge des oiseaux de mer. En livrée noire et blanche, les guillemots de Troïl nichent sur les parois inaccessibles à l’homme. À la saison des nids, ils se distinguent par des cris bruyants qui résonnent dans le lointain. La plus grande colonie française de mouettes tridactyles vit ici depuis les années 1980. Très sensibles à la prédation de leurs oeufs et de leurs poussins par les corvidés et les laridés que sont les goélands, elles font l’objet d’une stricte protection. Devenus rares en Bretagne, grand corbeau et faucon pèlerin semblent avoir trouvé au Nord Cap Sizun l’un de leurs derniers sanctuaires. Sur les pelouses rases, à la recherche de larves et d’insectes, les craves à bec rouge vont par deux, quelquefois sous le regard curieux d’un drôle de merle albinos qui semble tout droit sorti d’un conte de fée.