A proximité de la plage, à 2 mètres de profondeur, de beaux taffoni sous-marins, formes d’érosion des boules de granite typiques d’un littoral au climat chaud et sec, sont une illustration de la montée du niveau de la mer depuis plusieurs milliers d’années : ce type d’érosion ne peut se produire sous la mer. Les vestiges archéologiques, plus récents, sont une preuve supplémentaire de ce phénomène de montée des eaux : l’implantation des édifices semble compatible avec un niveau de la mer sensiblement plus bas que son niveau actuel.
Le site archéologique de la petite pointe de San Giovanni a fait l’objet de fouilles archéologiques à la fin des années 1980. Des études récentes permettent de préciser les données : à l’époque romaine, un petit ensemble d’habitats ruraux s’établit sur cette avancée protégée du golfe de Figari. Entre le IVe et le VIe siècles de notre ère, deux basiliques et un baptistère sont bâtis à proximité de l’habitat, tandis qu’un troisième édifice cultuel est élevé sur la plage, à 300 mètres du site principal, avec peut-être une fonction funéraire. Le plan des basiliques est typique de l’époque paléochrétienne, une nef rectangulaire flanquée d’une abside, tandis que le baptistère est, conformément aux usages de ce temps, un simple bassin carré entouré de 4 colonnettes. Vers le XIe siècle, le baptistère est reconstruit dans le style roman : il est doté d’une abside et d’un bassin rond. A la même époque, une quatrième chapelle est construite sur la plage, à proximité de l’ancien édifice, sur un rocher qui s’avance dans la mer.
Dans sa Géographie, écrite à l’époque d’Hadrien, au IIe siècle de notre ère, Ptolémée situait l’oppidum de Ficaria (qui donna son nom à la commune de Figari) en ce point de la carte. San Giovanni était-il donc donc l’antique Ficaria, dotée d’un port à l’époque romaine ? L’ensablement progressif et la montée du niveau de la mer pourraient être un argument en ce sens, mais les données manquent pour interpréter avec certitude le complexe rural et ecclésial paléochrétien puis médiéval de San Giovanni.
Toute proche du site, la tour de Caldarellu, qui dépendait de la juridiction de Bonifacio, a été édifiée à la fin du XVIe siècle : elle était un poste avancé de la citadelle de Bonifacio et servait également à contrôler et sécuriser la pêche au corail, qui se développait alors dans ce secteur de la Corse. Simplement couronnée de créneaux, sans mâchicoulis, elle dispose d’une bretèche protégeant la porte d’accès. Elle est inscrite sur l’inventaire des Monuments Historiques.
Sur l’interprétation du site archéologique de San Giovanni
https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1987_num_1985_1_9187
https://journals.openedition.org/adlfi/19081