La flore
Près de 63 espèces végétales ont été recensées sur les cordons dunaires. Les dunes grises en accueillent la plus grande proportion. Contrairement aux dunes blanches, mobiles cat fortement soumises à l'actionéolienne et périodiquement baignées par la mer, elles offrent aux plantes un riche mélange de terre et de sable. De toutes les variétés des sables, l’orobanche à odeur de girofle figure parmi les plus singulières. Elle vit sans chlorophylle. Telle la version végétale d’un certain vampire des Balkans, elle se nourrit aux dépens du gaillet des sables en enfonçant ses suçoirs dans les racines de sa victime. Emblème du Conservatoire du littoral, le chardon bleu figure parmi les meilleurs fixateurs de la dune mobile. En automne, un très bon champignon pousse à ses pieds. Si cette “oreille du panicaut” est comestible, il n’en va pas de même pour le chardon de mer, plutôt piquant et hautement protégé. En arrière du cordon dunaire, la végétation des marais est tout autre. Le potamot coloré se plait dans les mares où il flotte à la surface des eaux parmi les menthes aquatiques et les poivres d’eau. Huit sortes de joncs poussent dans les milieux humides, dont le jonc des crapauds qui servait autrefois à faire des liens. Pas moins d’une centaine d’espèces de plantes vivent dans les prairies arrière littorales. Pâturins, dactyles et fléoles y abondent et font le régal des poneysqui y broutent. En mai, les asphodèles d’Arrondeau couvrent de leur jolie hampe rose bords de chemins et clairières. Chaque plante, au-delà de sa propre existence, possède d’autres vertus. Alors que les cardères sauvages servent à fabriquer des crécelles champêtres, instruments à percussion qui font la joie des enfants, les trèfles attirent les soucis, jolis petits papillons jaunes qui raffolent du nectar de leurs fleurs.
La faune
Oiseaux des rivages, des marais ou du bocage se répartissent les territoires de l’anse de Kerguélen. Le chevalier guignette, sitôt revenu de son voyage en Hollande, s’affaire sur la grève avec d’incessants balancements de queue et de tête. Après s’être sustenté de gouleyants insectes aquatiques, il s’envole au ras des eaux. Plus en retrait du littoral, l’échasse blanche arpente les milieux humides à pas mesurés. Ses longues pattes disproportionnées lui donnent une allure élégante. Les bécassines des marais ébauchent dès l’hiver leurs comportements nuptiaux. Alors que l’une se dresse les ailes en éventail, l’autre lui tend la face intérieure de sa queue. Ce qu’il y a d’étonnant chez cet animal, c’est son vol lors des parades nuptiales de printemps. En pleine trajectoire horizontale, le mâle décroche plusieurs fois en piqués verticaux atteignant près de soixante kilomètres heure. Avec sa queue grande ouverte située à angle droit par rapport à son corps, il émet une vibration sonore proche du bêlement du mouton. À la surface des étangs, agrions délicats et gracieux volent tels des hélicoptères biologiques. Posés sur la végétation, ils forment en couples de tendres coeurs. Aux franges marécageuses, vit une drôle d’acrobate qui chante la nuit. La rainette verte se déplace en sautant d‘arbres en roseaux avec une grande agilité. Après avoir attrapé un insecte au vol, elle se fixe sur les végétaux grâce à ses pattes munies de doigts ventouses. Parmi les écuelles d’eau et les iris, nage la couleuvre à collier. Totalement inoffensive pour les hommes, elle est en revanche un redoutable prédateur pour les crapauds, grenouilles, tritons et autres amphibiens. Dérangée, elle se dresse le coup gonflé, souffle et cogne de son museau, sans pour autant mordre.