Les 400 hectares de la forêt actuelle sont la relique d’une forêt trois fois plus grande qui couvrait une grande part de l’actuel domaine de Pinia. Possession génoise au XVIIe siècle, puis de la nation Corse au XVIIIe et enfin de la France, Pinia fut un lieu d’exploitation forestière intensive jusqu’au XIXe siècle. Abandonnée pendant plusieurs décennies aux chasseurs et aux éleveurs de Ghisoni , Pinia attire les convoitises au XXe siècle : en 1973, un grand programme envisage d’y construire plus de 20 000 lits touristiques avec vue sur mer… avant d’être abandonné face au désaccord local. C’est dans cette forêt qu’a été tué le dernier cerf de Corse, en 1968. Les cerfs actuels sont les descendants d’individus réintroduits à partir de la Sardaigne.
Comme tant de forêts méditerranéennes, Pinia a brûlé de nombreuses fois, à un rythme pouvant aller de deux à trois fois par siècles. Le milieu naturel s’est adapté à ces incendies récurrents : le pin, espèce pionnière qui recolonise les espaces brûlés, est devenu l’espèce quasi-unique de cette forêt auparavant davantage diversifiée, lorsque les pins, suffisamment grands, pouvaient laisser la place aux espèces qui le suivent dans le cycle naturel de la pinède littorale.
Pinia est donc aujourd’hui une jeune forêt naturelle de pins, au stade du gaulis – perchis, composée d’arbres qui ont en moyenne entre 15 et 20 ans. C’est un espace récréatif aux portes de Ghisonaccia, ouvert à de nombreuses pratiques et qui protège la plage qui la borde.