La flore
En place d’une chênaie-hêtraie primitive, pinèdes et landes forment actuellement à Penhoat Lancerf le couvert végétal le plus perceptible. Pins maritimes et épicéas dominent de leurs frondaisons à aiguilles un sous-étage où bruyères aux multiples nuances mauves, ajoncs d'or et vertes fougères s’interpénètrent. De cette apparente austérité émergent par moments, après les pluies d’orages, de puissants effluves de résines, de subtiles odeurs de coco et d’apaisantes senteurs chlorophylles. Plusieurs variétés de bruyères poussent ici. Parmi les multiples affleurements rocheux et sur les sols secs, les bruyères cendrées abondent. Les bruyères ciliées et à quatre angles, plantes mellifères très appréciées des abeilles, colonisent quant à elles les dépressions plus humides. De curieuses plantes carnivores se sont installées non loin de ces milieux. Les droseras sont de redoutables prédatrices pour les insectes. Au moindre contact, leurs cils gluants se referment sur leurs proies qui, peu à peu, sont digérées. Dans les vallons frais et du côté de Coat Ermit, subsistent quelques reliques de bois de feuillus où alternent, pour les hautes tiges, chênes, châtaigniers et bouleaux et, pour les arbustes, houx et noisetiers. Une cohorte de champignons pousse dans les sous-bois. Parmi eux, le cèpe des pins est un excellent ingrédient pour les soupes d’automne. Sur les berges forestières du Trieux, vasières et prés-salés se mêlent étroitement. Savoureuses salicornes, gracieuses spartines et jolies lavandes de mer y côtoient de denses couverts d’obiones argentées. Particulièrement rare dans les prés-salés bretons, la Cotule, espèce introduite par bateau d’Afrique du Sud, présente de chaleureux pompons jaune d’or.
La faune
À Penhoat-Lancerf, la faune forestière est reine. En moins de temps qu’il ne faut pour y croire, deux chevreuils viennent de surgir de la forêt clairsemée. En robe rouge et fauve et encore coiffé de ses bois de printemps, le brocard accomplit un étrange rituel prénuptial. Attiré par les odeurs de la femelle, il se livre à une folle poursuite circulaire. Au-dessus, un pic épeiche frappe imperturbablement le tronc d’un arbre. À chacun sa nourriture, pour notre pic bigarré de noir, de blanc et de rouge, ce sera un repas de larves et d’insectes. Un épervier vient de se faufiler tel un éclair entre les branches. La mésange à longue queue n’avait vraiment que peu de chance de s’en tirer. Venues des latitudes Nord à l’approche de l’hiver polaire, les bécasses des bois s’abritent la journée sous le couvert forestier. Pendant la nuit, elles se nourrissent de vers dans les prairies alentours. Une vingtaine d’espèces de papillons fréquente les lieux. Sur les landes à bruyères, vit l’agreste. Essentiellement nocturne, elle est le jour d’un parfait mimétisme. Le miroir, joli papillon dont les ailes postérieures portent des taches blanches cerclées de noir, affectionne les lisières forestières. Dans les prairies et sur les bords de chemin, fixés aux herbes dans d’insolites positions, stridulent criquets et sauterelles. Entre chien et loup, comme pour apaiser l’agitation du jour, l’engoulevent d’Europe fait résonner son étrange chant d’amour. Au détour des méandres du Trieux découverts à marée basse, de l’anse du Lédano à Frinaudour, s’affaire une multitude d’anatidés et de limicoles. À la saison des amours, le tadorne de Belon, une fois sa pêche terminée, regagne l’ancien terrier de lapin où il niche. De leur long bec courbe, les courlis cendrés fouissent la vase à la recherche de petits crustacés et coquillages. Bien qu’encore absente, la loutre d’Europe pourrait trouver ici un habitat propice à son installation.