La flore
Au-dessus des vallons humides, la végétation subit l’influence maritime. Toutes les variétés de landes littorales sont présentes au Cap de la Chèvre. Elles couvrent d’immenses étendues. Dans les conditions arides de l’extrême sud, seule la lande sur roche-mère a pu s’implanter. Bruyères cendrées, callunes et ajoncs de Le Gall y déploient leurs floraisons mauves et jaunes. Sur la côte ouest plus exposée aux éléments marins, elle a développé, pour pouvoir renaître, le port en coussinet, système original qui consiste à abriter les jeunes pousses de l’année derrière celles des années précédentes. Bruyères à quatre angles et ciliées ont prospéré sur les sols plus humides tandis que se sont échappés des enclos de pierre les ajoncs d’Europe, cultivés naguère pour la litière et l’alimentation animales. Les pins maritimes, plantés au siècle dernier entre les deux guerres, ont colonisé la face orientale du Cap de la Chèvre. Ils menacent désormais de fermeture un paysage qui jusqu’alors n’était constitué que de végétation rase. En lisière des sentiers, comme pour baliser le cheminement d’un bleu électrique, apparaît la “crozonnaise”, ou grémil prostré, plante typique de la presqu’île de Crozon. “Quand viennent les chatons aux saules, fini l’hiver dur” est un dicton qui, au pays, annonce l’arrivée des beaux jours. Dans les vallons humides, le pollen des saules cendrés se libère au printemps pour envelopper de sa duveteuse pellicule iris d’eau et osmondes royales.
La faune
Oiseaux de mer et de milieux à végétations rases, arbustives et forestières fréquentent en nombre le site. Parmi les landes et les fourrés vit un animal étrange. Avec de grands yeux, une bouche démesurée, de petites pattes et de grandes ailes, il passe sa journée figé sur une branche, le corps bien parallèle à elle pour se fondre à son écorce. De son vol silencieux, il chasse la nuit papillons et insectes. Beaucoup de légendes collent à cet oiseau au ronronnement nocturne. C’est ainsi que l’on a prétendu que l’engoulevent d’Europe tétait les chèvres, un comble en ce lieu… D’autres oiseaux n’en sont pas moins étonnants. Reliques des périodes glaciaires, les craves à bec rouge nichent dans les anfractuosités des hautes falaises du Cap. Friands de larves et d’insectes qu’ils prélèvent sur les pelouses rases, ils lancent de longs cris vibrants et sonores lors de leurs vols acrobatiques. Plus discrets, bien que majestueux, faucons pèlerins et grands corbeaux fréquentent également le site. Devenus rares, ils ont comme les autres espèces, si ce n’est plus, besoin d’espaces préservés de toute intrusion. Le phoque gris fréquente régulièrement les rivages orientaux du Cap de la Chèvre. En nageur émérite, il peut rallier l’Irlande en 3 à 4 jours. Autrefois, le Cap était un site de nidification important pour les macareux, les pingouins torda et les guillemots de troïl. De nos jours, ces alcidés ne sont plus que de passage.